mardi 10 mars 2009

Souvenirs de cantine...

Dans les années 1965 je mangeais à la cantine. Et…j’aimais ça ! Ben voilà je l’ai dit, je ne me cache pas la tête sous le bras, j’assume. 12 h fin des cours… 12 h 15 la cantine. Juste le temps d’aller faire un tour à la rangée de wc à la turc, de se laver les mains à l’eau froide, de les essuyer en les balançant d’avant en arrière pour faire du vent. Les cartables et manteaux rangés dans le couloir, la serviette de table à la main, les affamées se ruent à l’assaut des tables. En fait chacune à sa table et sa place. Table de 8, recouverte d’un linoléum vert foncé, un bout de la table se situe contre les fenêtres l’autre bout est sur l’allée centrale. C’est a ce bout là que sont déposés les éléments de vaisselle : une pile de 8 grosses assiettes blanches au bord épais, sur laquelle il y a 8 fourchettes, 8 couteaux (qui ne coupe rien comme ceux des cafétérias d’aujourd’hui) 8 cuillères à dessert, deux colonnes de 4 verres Duralex, et deux brocs remplis d’eau. C’est le chef de table qui fait passer les couverts quand tout le monde est installé. Le chef de table change toutes les semaines. Ainsi au fil du temps chacune finit par faire le tour de la table. Mais voici le premier chariot qui passe, une dame de la cantine en blouse rose et blanche le pousse, elle dépose un grand plat en inox. Sur un lit de feuilles de salades coupées à l’italienne des rondelles de tomates, recouverte d’une sauce vinaigrette à l’échalote et 8 moitié d’œufs cuits dur. Elle pose aussi une corbeille en plastique remplie de rondelles de pain (pas des baguettes, non, des flûtes croustillantes à la mie blanche élastique). Le plat passe de main à main. Les deux filles du bout, près de la fenêtre, on parfois des portions riquiqui, mais à ces places là tout le monde y arrive un jour ou l’autre, et puis le chef de table veille au grain. A ce stade là, il y a peu de papotage. Le chariot des légumes arrive. Dans des plats inox rectangulaires avec des poignées on a suivant les saisons, un gratin de choux fleur, une printanière de légumes, des tomates farcies, du riz pilaf, un gratin de macaronis, une purée faite maison (enfin, cantine), des haricots verts et pomme de terre sautées. Les gros appétits réclament souvent du « rab » que les dames de la cantine ne refusent jamais, certaines sont plus gentilles que d’autres. La viande n’arrive qu’au 3ème service, quand l’estomac est déjà « calé » par l’entrée et le légume, quelquefois un rôti de bœuf, mais rare, du porc, du poulet, de la viande en sauce et le vendredi le jour du poisson. A présent ça papote, ça papote. Les cours, les garçons bien sûr, la mode, le hit parade Claude François, Franck Alamo, Sheila, Sylvie Vartan, le dernier palmarès de la chanson présenté par Guy Lux. Et puis arrive le fromage et le dessert, 8 portions de camembert ou de gruyère, des petits flans à la vanille au chocolat préparés dans les fameux verres Duralex ou bien des fruits. Il y avait aussi le repas spécial de Noël avec sa bûche, ses mandarines et papillotes. Le repas de Pâques avec son gigot et son gâteau nid d’oiseaux avec les œufs. Quand le repas était fini la vaisselle sale était regroupée en bout de table. J’avoue et j’assume. J’aimais bien manger à la cantine, les repas étaient préparés sur place, avec des produits frais régionaux. La grande chef cantinière savait varier ses menus. En fin d’année au mois de juin on offrait un gros bouquet de fleurs aux dames de la cantine qui avaient tant travaillé pour nous. Bon il faut tout de même que j’avoue, si j’adorais manger à la cantine, c’est que ma pauvre mère était la plus lamentable des cuisinières que j’ai connues. Le mot rata était plus approprié que celui de cuisine. Mais elle l’admettait sans honte, en rétorquant que de toutes façons cela finissait au même endroit et que c’était une perte de temps. Heureusement, c’était mon père qui cuisinait le dimanche, et la cuisine lui il connaissait, il avait été cuisinier chez les jésuites…alors !

4 commentaires:

  1. Canotte, c'est encore Henriette!
    Je ne peux pas m'empêcher de mettre un petit commentaire sur ce post qui m'a fait monter les larmes aux yeux!
    Moi aussi, j'aimais manger à la cantine comme l'on disait alors. Je mangeais varié, cuisiné, chaud et en quantité. Et souvent des produits locaux et de saison. Beaucoup mieux qu'à la maison car ma maman, qui était seule pour nous élever tous les trois, n'avait pas de gros moyens et l'on se contentait de ce qu'elle pouvait nous servir!
    J'ai un excellent souvenir de toutes les "cantines" où je suis passée : du primaire à la fac!!!
    Amitiés

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  2. En effet quel plaisir ce post !J'ai toujours mangé à la cantine et je n'en garde pas que de bons souvenirs (maman cuisinait bien et j'aimais l'aider). En primaire, ce grand pichet d'eau en vieux plastique sale, me coupait l'envie de boire... le hachis parmentier trop fade, et surtout la langue qui revenait si souvent et que je dé-tes-tais ! Heureusement, il y avait les copines, l'âge dans le fond des verres duralex,et en effet selon sa place à table il arrivait qu'on mange peu ! Ensuite les années lycée, changement d'ambiance, les couteaux crissent au bord des assiettes, pieds tambourinent, le réfectoire gronde de révolte et réclame encore des frites, et les p'tits suisses finissent par voler à travers la salle (pas l'temps de tourner son assiette pour les préparer), on rit,on chante,68 vient de passer par là, quelquefois un prof mange avec nous. Au restau U, il faut faire le tri, Necker fait le meilleur couscous, mais il faut faire la queue, mabillon c'est pas mal aussi...
    Quelques années après,dans mon p'tit village, le lapin à la moutarde de la dame de cantine ravit mes enfants, toujours meilleur que le mien... je suis allée lui dire et lui demander sa recette... je vous la raconterai un jour.
    Amitiés les demi-pensionnaires !

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  4. Oh oui, moi aussi j'aimais manger à la cantine. J'arrivais même à adorer les pâtes ultra-collantes et les steaks de boeuf trop cuit, nous dégustions les petits suisses avec du sel, faute de sucre. L'ambiance me plaisait également, l'entraide, le partage, la discipline. Que de souvenirs! Flor d'Espagne

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Vos remarques, vos petites visites, sont pour moi des rayons de soleil, merci pour cette douce chaleur.

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