J’ai une faiblesse pour cette cuisine, pour l’ambiance nappes à carreaux rouge, assiettes épaisses, verres ballon à gros pied, et pot de rouge lyonnais de 47 cl. C’est une cuisine qui mijote dans les cocottes des « machons ». Ici pas de grand chef, mais des hommes et des femmes qui chaque matin se lèvent tôt, font leurs achats sur les marchés chaque jour, épluchent coupent, tranchent et cuisent des plats de tradition. Il faut que tout soit prêt à midi quand les bureaux et magasins lâchent sur les trottoirs des employés affamés. Il faut donc savoir cuisiner vite et bien pour tenir ce genre d’établissement mais pas seulement. Il faut aussi et surtout avoir une gestion exemplaire. Pas question de faire des plats à 25 euros, ici c’est le menu complet qui coûte 10 ou 12 euros avec son quart de vin ou un café. Pour réaliser chaque jour ce tour de force, il faut une belle dose d’ingéniosité.
J’aimerai que les tenanciers de ces bistrots donnent des cours d’éducation ménagère dans les écoles. Peut-être que cela nous serait plus utile que certaines matières.
Et puis il y a l’ambiance. Alors là c’est un vrai folklore. Il y a les habitués, ceux qui ont leurs serviettes bien rangées, des célibataires qui viennent ici réchauffer leur cœur, des laissés pour compte de l’amour. Des couples de retraités qui sirotent à petits coups de langue leur sortie hebdomadaire, ils iront après le repas faire les magasins ou voir un film et attendront toute la semaine le plaisir de revenir. Il y a aussi les déplacés, ceux qui toute la semaine sont loin de chez eux pour leur travail, ils partagent sur le comptoir avec le patron un apéro. Il y a moi aussi, dans un coin, avec mon petit carnet, qui sourit en voyant un papa divorcé et ses deux enfants partageant un moment d’intimité, qui imagine le couple un peu plus loin dans un coin discret, lui bel homme distingué, elle petite boulotte avec des yeux lumineux un couple adultère, qui se mange du bout des doigts. Le maniaque et ses tocs, qui épluche sa banane toujours de la même façon, la coupe en nombre toujours identique et la pique avec sa fourchette en comptant les morceaux. Le jeune homme qui regarde en alternance la porte puis sa montre et dont le visage s’illumine à l’entrée d’un autre jeune homme qui s’assoie, on comprend vite qu’il y a plus que de l’amitié entre eux. Le pressé qui bougonne et n’attend pas le dessert. Ces desserts justement qui ont des goûts d’enfance, île flottante, crème caramel, tarte aux pommes, poires au vin et puis aussi ce beau panier de fruits frais que trop de restaurants oublient volontairement de nous offrir aujourd’hui.
La salade lyonnaise vous la trouverez ici
Et voici une recette de bistrot, pas chère mais bien agréable pour la cuisine de tous les jours.
Il vous faudra dans le panier pour 4 personnes :
600 g de sots l’y laisse de dinde (ça coûte 7,85 euros le kilo)
24 gros pruneaux d’Agen
100 g de lardons fumés
2 échalotes
30 cl de vin blanc sec de cuisine (moi je prends du Bergerac sec, j’en ai toujours 3 bouteilles d’avance, surtout n’acheter pas les mignonnettes de vin blanc de 25 cl en plastique, chères et pas très bonnes)
Du sel du poivre
25 g de beurre
2 cuillerées d’huile d’olive
1. Dans une casserole mettre le vin blanc, les pruneaux et mettre sur feu doux.
2. Eplucher les échalotes.
3. Laver la viande à l’eau fraîche, la sécher dans un linge propre, ôter les petits bouts de gras.
4. Dans une poêle faire fondre le beurre avec l’huile. Mettre les échalotes ciselées et les lardons à rissoler. Mettre les sot-l’y-laisse dans la poêle, les faire dorer de tous côtés. Baisser le feu, après 8 minutes de cuisson rajouter les pruneaux et le vin blanc pour déglacer les sucs. Mélanger avec une cuillère en bois. Laisser mijoter tout doucement une dizaine de minutes.
5. Servir en accompagnant de coquillettes ou de farfalles au beurre.
Un pot de beaujolais accompagnera très bien ce plat.
En dessert, dans un verre de cantine, du fromage blanc, sur la soucoupe 3 dattes moelleuses et un spéculos, c’est simple mais c’est bon.
Mais j’adore aussi la restauration et le cadre des grandes brasseries et ça je vous en parlerai un de ces jours.
Bonjour Canotte
RépondreSupprimerJe n'avais aucune idée de ce que c'était des sot-l'y-laisse, j'ai dû faire une recherche, ici au Québec j'en ai jamais vu au marché, crois moi que si il y en avait j'en achèterais c'est mon morceaux préféré.
C'est toujours un plaisir de te lire.
Hier nous avons eu une tempête de neige qui nous a laissé 25 à 30 cm.à Montréal.
Bonne soirée !
Alors je me suis dit, mais comment fait Canotte pour trouver des sot-l'y-laisse alors que tout le monde les mange directement sur la carcasse du poulet comme moi en découpant la bestiole, c'est celui qui découpe qui grignote le meilleur ;-)
RépondreSupprimerça a l'air drôlement bon ton p'tit plat !
Merci ma p'tite Canotte, bisous.
J'aime les bistrots de Paris, chaque fois que j'y vais, je bistrote... Aux Volontaires, il y a un vieux monsieur qui a ses habitudes, le patron et la serveuse le bichonnent et je me dis qu'il doit faire bon vieillir en trouvant toujours de la compagnie en bas de son chez soi. C'est à trois heures de la maison, mais j'aime cet endroit simple, la purée y est délicieuse, et en effet ce n'est plus qu'au bistrot que je mange des iles flottantes. C'est simple, c'est bon, c'est vivant,c'est sans chichi, ça m'suffit, merci Canotte pour cette évocation !
RépondreSupprimerBises à toi !
Je connaissais pas les sot-l'y-laisse merci de me le faire découvrir je regarderai mieux à l'avenir les étales par contre je suis très fan de la cuisine de bistrot sans chichi et sans fla-fla ....le bonheur simple des plaisirs simples ...
RépondreSupprimerBonne journée
A++Sacha