Je ne vous ai encore jamais parlé de Mémé Mado.
La famille S. avait deux grand- mères, une grand mère paternelle : Mémé Titine, une grand-mère maternelle : Mémé Mado. Les grands pères étaient décédés.
Les deux grands mères étaient aussi dissemblables que possible. Mémé Mado était grande, maigre et sèche, Mémé Titine était petite, bien en chair et doucereuse.
Mémé Mado habitait les Arcs, mémé Titine le splendide village de Cotignac, quant à la famille S. elle était propriétaire d' un grand hôtel dans la presqu'île de Saint-Tropez.
Chaque saison d'été les grands mères descendaient de l'arrière pays pour "aider" en gardant les plus jeunes enfants et en faisant la cuisine pour toute la famille. Mais il ne fallait surtout pas qu'elles se retrouvent toutes les deux en même temps. Titine était là en Juin et Juillet, Mado en Août et Septembre. Quand les deux grands-mères étaient réunies ce n'était qu'engeulades, coups tordus et empoignades, même le gendarme de Funès n'aurait pu ramener la sérénité.
La grand-mère que je fréquentais le plus c'était Mado. Une drôle de femme. Toujours vêtue d'un pantalon. C'était un vrai cheval de labour, opiniâtre et têtue, rude au labeur, mais une cuisinière provençale d'exception. De ces femmes capables de faire un repas avec trois fois rien. C'est elle qui m'a appris à faire le tian de légumes. Elle m'a appris bien d'autres choses, par exemple : arroser sa main d'un eau de cologne à la lavande et la secouer au-dessus du couvre lit. Volets, fenêtre bien fermés la chambre sera fraîche et parfumée à l'heure de la sieste. C'est ainsi que faisaient les anciens disait Mado. Depuis j'ai gardé cette habitude et je n'utilise jamais de "déodorant d'intérieur".
Mémé Mado avait cependant un défaut, mais qui n'en n'a pas au moins un, entre nous. Elle avait un penchant, -vous remarquerez que je n'emploie pas cet horrible mot d'addiction que nos journalistes contemporains mettent à toutes les sauces-, Mémé Mado avait donc un penchant pour le bon rosé de Provence en "copain" de 5 litres, et un copain lui faisait rarement la semaine se plaisait à dire son entourage....
Ingrédients pour 4 personnes :
5 grosses tomates bien mures
2 aubergines
3 courgettes
3 oignons
2 gousses d'ail
1 feuille de laurier
des fleurs de thym
de l'huile d'olive
du sel et du poivre
3 tranches de pain rassis par personne
de la purée d'olives noires
1 - Laver tous les légumes dans une eau auquelle vous rajoutez 1/2 verre de vinaigre d'alcool, ou 3/4 gouttes d'eau de javel. Bien les essuyez dans un linge propre. Avec cette méchante bactérie il faut être prudent.
2 - sur une planche à découper commencer par trancher finement les oignons et déposez les rondelles au fond du plat. Grand le plat, si possible, pour que les légumes y soient à l'aise.
3 - Coupez finement aubergines, tomates et courgettes et faites des rangées violettes, vertes et rouges. Regardez ces couleurs c'est superbe...non !
4 - Répartissez les gousses d'ail coupées en morceaux, la fleur de thym, le sel et le poivre et arroser d'un filet doré d'huile d'olive.
5 - Mettre au four préchauffé à 200° pour 1 heure.
Vers la fin de la cuisson faire griller les tranches de pain rassi. Les enduire de purée d'olives noires.
Et puis n'oubliez pas le petit verre de rosé....en mémoire de mémé Mado et de son copain.
Je vous souhaite une belle et douce soirée que vous viviez à la Mer, à la Montagne, à la Ville ou à la Campagne.