dimanche 30 novembre 2008

L'étoile de Cacao

En ce premier Dimanche de l'avent je vous offre ce conte que j'ai écris, vous reconnaitrez sûrement le village de Provence où brille l'Etoile de Cacao.
Exténué, fatigué, découragé…depuis combien de temps arpente-t-il les chemins de Provence ?
Il ne sait pas, il ne sait plus. Combien de village a-t-il traversé sa besace sur le dos ? Il s’arrête au bord de la route où un semblant de mur de pierre l’accueille pour quelques instants de repos. Il lève la tête. Son regard s’accroche à la colline qui lui fait face, puis glisse à travers la ramure d’un grand arbre qui masque à demi le clocher d’un village. Et soudain le clocher semble dire à ses yeux embués : « Viens, viens vers nous. Regarde comme mon village est beau. Viens ! » et comme pour ponctuer l’invitation le son clair d’une cloche…tinte dans l’air matinal.
D’un pas lourd il se dirige vers la fontaine ou chante une eau limpide et fraîche qu’il puise dans la conque de ses mains et porte à ses lèvres. Une seule rue traverse le village, il s’y engage d’un pas hésitant guidé par l’odeur du fournil. Les bras croisés sur son ventre rond, devant sa boutique Toine le boulanger voit l’homme, il fait un geste et de sa voix forte le convie : « Approche, viens goûter mon pain » il lui tend une miche dorée craquante et encore tiède, dans laquelle l’étranger mord avec gourmandise.
La mamé Finette l’a vu arriver, De suite elle se presse lentement…pour savoir. Je dois vous dire que la Finette est un personnage surprenant c’est l’ancêtre du village. Dès qu’elle arrive devant l’homme, elle s’écrie d’une voix surprise :
« Boudiou, il est sombre comme la nuit, celui-là ». Toine semble aussi le découvrir et dit :
« C’est vrai ! Comment t’appelles-tu ? » Un sourire illumine la face noire « Je m’appelle Bienvenu »
- « C’est vrai que tu es sombre : tu ressembles à un petit grain de cacao ! »
- « Je veux bien pour vous, être Cacao. » répond Bienvenu toujours en souriant.
Toine appelle le forgeron qui descend la calade :
- Fernand, regarde : c’est Cacao. Et puis subitement il dit cette phrase étonnante :
- « Il vient au village pour rester avé nous ; mais alors où va-t-il loger ? »
Fernand vient vers eux en claudiquant légèrement :
- C’est facile. Regarde, Cacao, sur le versant de la colline. Oui-là, tout près du gros buisson. Tu vois ce cabanon ? Mon grand-père et mon père l’ont construit. C’était un gîte pour les randonnées de chasse. Mais aujourd’hui des chasseurs au village y en à dégun, alors ce cabanon s’il te convient, il est à toi. »
La vieille Finette est partie, puis revenue aussitôt, les bras chargés de draps, de couvertures et d’un grand oreiller. Dans un couffin l’épicière à glissé de la petite vaisselle, une casserole, une vieille cafetière et quelques victuailles. Une joie intense imprègne le visage de Cacao où brillent ses dents comme de belles perles.
Pour grimper jusqu’au cabanon, on a attelé à un charreton Béline l’ânesse grise qui appartient à tout le village. Elle connaît le chemin qui conduit à l’endroit : tout en trottant elle adresse à Cacao des regards de tendresse.
Depuis ce jour Cacao s’est occupé entièrement du village. Il entretenait l’église avec vénération, chauffait l’eau des grandes bugades, était de toutes les cueillettes même celle des olives, quand le vent froid glace les doigts gourds et fait pleurer les yeux, l’été il s’occupait des chemins avec Béline qui ne le quittait plus. Il refusait d’être payé. Il est vrai qu’il ne manquait de rien car tout le village lui donnait de quoi vivre chaque jour.
Les jours de fête, la petite église était pimpante, le bénitier n’était jamais privé d’ eau, les statues de plâtre dépoussiérées et la Vierge Marie avait droit chaque jour à son bouquet de fleurs des champs. C’est Cacao qui sonnait les cloches.
Les années passèrent, les tempes de Cacao avaient blanchies, mais il continuait à donner tout son temps à son village..
Cacao avait un grand ami, Pierre le berger.
A quelques jour de la Noël, Pierre parti avec son troupeau sous les barres rocheuses, tardait à revenir. Inquiet Cacao se porta à sa recherche et le rencontra enfin, précédant son troupeau.
- Tu tardes bien, ce soir. J’ai ouvert en grand la bergerie, tu n’auras qu’à y pousser tes bêtes, dit Cacao.
La nuit se glissait dans la garrigue ; les premières étoiles avivées de froid s’allumaient dans le ciel, alors Pierre, de la pointe de son bâton désigna un endroit de la voûte :
- Tu vois, Cacao, cette étoile qui brille très fort ? Oui celle qui s’allume la première, eh bien c’est mon étoile ! Dit-il en appuyant avec délice sur le « mon ».
Cacao, parcouru le ciel avec fièvre, en vain, aucune étoile n’était la sienne…
En ce début décembre, dans le village, on était intrigué par les allées et venues de Cacao, et son agitation fébrile. Il récoltait tous les bouts de ferraille, les bougies.
Le soir du 24 décembre tout le village était à l’église, mais le curé sonna lui-même les cloches, il s’apprêtait à dire sa messe, mais Cacao n’était toujours pas là. Pourtant il était bien venu. Le bénitier était plein, les cierges brûlaient, dans la crèche près de l’autel il y avait des brins de houx, et dans les bras de la Vierge Marie un somptueux bouquet de fleurs blanches qui embaumaient.
Sur le parvis, un chien aboya si fort que tous se levèrent en frémissant d’angoisse. Le curé alla vers ces aboiements déchirants qui avaient troublé la sérénité de la nuit, bientôt suivi par toute l’assistance.
Et alors là, suspendue par on ne sait quel miracle juste entre les deux versants de la falaise brillait une immense étoile dans la nuit de Noël. En procession ils se dirigèrent vers elle.
Couché, un sourire heureux aux lèvres, les yeux fixés pour l’éternité sur son étoile Cacao était parti pour toujours….
Je ne vous dirais pas le nom du village, je sais seulement que sur les assiettes qu’on y fabrique on peint un oiseau aux couleurs merveilleusement exotiques et qu’on nomme cet oiseau le bienvenu, que le boulanger y offre pour le jour de Noël des biscuits en forme d’étoile saupoudrés de chocolat et qu’une étoile reste suspendue entre les deux falaises, et on dit, que tant que l’étoile sera là, la vie continuera…

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