mercredi 24 décembre 2008

Le temps des étrennes...

Noël est là, déjà se bousculent l'an qui sort et celui qui entre 2009 va chasser 2008. J'ai envie de vous parler des étrennes.
Les Etrennes....
Si je regrette une tradition du jour de l’an c’est celle-là. Nous ne faisions pas le réveillon du 31, mais le premier jour de l’année était très important. Après la toilette corporelle, c’était la toilette tout court, ma mère soignait notre apparence, chaussettes blanches, souliers cirés, cheveux bien coiffés, le dernier pull qu’elle nous avait tricoté identique pour ma sœur et moi et enfin le « sent bon » à la lavande versé à profusion sur la tête et le mouchoir propre.
Après une dernière recommandation :
« surtout vous ne vous servez pas vous attendez que l’on vous donne »
Nous partions présenter nos vœux à nos voisins.
D’abord la vieille mémé Chambosse que l’on appelait évidemment la Carabosse, Elle nous embrassait, ça piquait un peu elle avait quelques poils que ses hormones ne contrôlaient plus, nous lui présentions notre compliment, personne âgée elle avait parfois des sautes d’humeur, mais je pense qu’elle n’était pas plus mauvaise que d’autres.
Elle nous entourait, comme chaque année, le cou d’une écharpe aux couleurs immondes qu’elle avait tricoté au point mousse avec des laines récupérées sur de vieux ouvrages.
Dans une corbeille trônaient des papillotes et des mandarines, une mandarine trois papillotes à chacune., puis elle sortait un vieux porte monnaie râpé d’où elle extirpait deux pièces de cent francs.
« Merci mémé Chambosse».
Nous dévalions l’escalier traversions la petite cour, remontions en face chez la famille Genête et c’était le même cérémonial. Nos poches s’emplissaient de papillotes, de mandarines, et le petit pécule des étrennes grossissait.
Nous redescendions traversions la cour et dans le couloir qui menait à la rue, timidement nous frappions à la porte de la famille Chaize :
« Nous vous souhaitons une très bonne année et surtout une très bonne santé »
L’appartement me semblait cossu, il y avait des tapis dans la salle à manger et luxe suprême un piano droit près de la fenêtre.
En extase j’embrassais Daniel le fils aîné qui avait 23 ans, c’était mon prince charmant de l’époque. On nous offrait des biscuits, fabriqués par Chantal la fille de la maison qui avait 19 ans, des chocolats boules de crème, des petits jésus en sucre.
Et enfin bonheur ultime, Chantal se mettait au piano et nous chantions, la chanson de petit Pierre et du cow-boy Johnny, Tom Bilibi, qué séra, d’autres enfants du voisinage arrivaient et joignaient leur voix aux nôtres.
Pendant ce temps chez nous il se passait la même chose, des enfants venaient embrassaient mes parents présentaient leurs vœux, repartaient avec leurs présents.
Vers midi , nous remontions chez nous, le repas était prêt, la table dressée dans la cuisine. Nous n’avions que deux pièces assez grandes une cuisine et une chambre, pas de salle de bains et les wc à la turc se trouvaient en-bas dans la cour.
Le parrain de ma sœur « Le Claudien » arrivait avec sa femme Marie, qui n’avait jamais eu d’enfants, Nous recevions chacune un cadeau : souvent de très beaux livres, et les fameuses étrennes, là pas de pièce mais un billet de 500 F (en 1957 cela représentait 15 euros d’aujourd’hui).
L’après-midi, les gosses jouaient dans la rue souvent dans la neige, les hivers étaient plus rudes. Les parents se recevaient, jouaient aux cartes, prenaient le café, la goutte, échangeaient leurs souvenirs, les nouvelles.
Le soir avec ma sœur dans le lit nous faisions le total de notre trésor, trésor non point de guerre, mais trésor d’amour et de partage.
Ce que nous avions reçu, nos parents avaient donné l’équivalent aux autres enfants, finalement c’était une sorte d’échange, certains matérialistes diront après avoir lu tout cela :« finalement c’était idiot cela ne servait à rien »!
Oh si cela servait à quelque chose, l’argent, les friandises, les gâteaux, cela n’est rien, nous recevions bien plus, on nous donnait aussi, la tendresse, la reconnaissance, le respect, la fraternité, l’entraide, l’amitié, l’attention, l’offrande.
Oui, je regrette vraiment cette tradition des étrennes, aujourd’hui on présente ses vœux par téléphone, on ne fait même plus l’effort d’une petite carte que l’on pourrait garder, et les liens sociaux s’effilochent. Le monde de la communication est solitude.

2 commentaires:

  1. Bonjour Canotte, j'arrive chez vous à cause de la vieille mémé Chambosse. En effet,ce nom, peu répandu, s'avère être le mien. Mes ancêtres qui venaient des Monts du Forez se sont installés sur les communes de Suin puis de Sivignon (Saône-et-Loire) depuis 4 siècles. Peut-être pourriez-vous m'en dire un peu plus sur cette personne ?
    J'ai tenu un blog l'année dernière, comme vous aimez l'écriture je vous en donne les références. C'était une expérience et pour l'instant je n'envisage pas de le réactiver.
    Cordialement.

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Vos remarques, vos petites visites, sont pour moi des rayons de soleil, merci pour cette douce chaleur.

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